Historique des chantiers navals

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L'histoire des Chantiers Navals (par l'AMIANS et le CRCN)

 

LES FORGES ET CHANTIERS DE LA MEDITERRANEE (FCM)

 

1856 : créé Le 21 mai, sous, le 2ème empire, ils sont les héritiers d'une déjà très longue histoire de la construction navale. Ils deviennent rapidement et pendant plus d'un siècle, un des plus importants chantiers navals du monde. Leurs constructions sont prestigieuses, nombreuses et variées : paquebots, cuirassiers, croiseurs, contre-torpilleurs, cargo dragues pour les canaux de Panama et de Suez, etc... Mais aussi dans son secteur terrestre des centaines de chars d'assaut, de la grosse chaudronnerie, des chaudières, des turbines, etc...

La ville se développe rapidement autour de ses chantiers. Une forte colonie de travailleurs italiens vient apporter son savoir-faire et sa combativité. Parfaitement intégrées ces familles forment aujourd'hui une grande partie du tissu social Seynois. Plusieurs dizaines de métiers différents sont nécessaires à la construction des navires et des milliers de produits différents sont assemblés sur un seul bateau. La jeunesse Seynoise d'origine plutôt paysanne vient travailler aux chantiers. Elle entre sur concours en apprentissage ou simplement sur les travaux comme aide-ouvrier. De père en fils, de générations en générations, la Seyne vit de ses chantiers : les travaux en sont le cœur et le sifflet en rythme le temps.

1958  : Le marché commun européen, obéissant à la volonté de grands groupes financiers de délocaliser les grandes fabrications vers des pays à main d'œuvre à bas prix, décide un premier livre blanc qui prévoit la fermeture de nombreux grands chantiers. En France le Vème plan prévoit la fermeture de 5 grands chantiers : Bordeaux, Le Havre, Le Trait, Port-de-Bouc et La Seyne-sur-Mer.

1959 : Le gouvernement français décide de réduire l'aide à la construction navale : de 97 milliards en 1959 - elle n'est plus que de 19 milliards en 1963.

1963    : Pour accélérer la fermeture des chantiers de La Seyne-sur-Mer, qui sont toujours très actifs, l'état lui supprime les commandes de chars AMX 13. Ils représentaient alors 1/3 du chiffre d'affaire et équilibrait la charge de travail.

1964    et 1965 conséquences : Deux importantes vagues de licenciements ont lieu avec de fortes luttes sociales.

1966    Le 2 Février les FCM sont contraints au dépôt de bilan malgré un carnet de commande plein.

 

CNIM : CONSTRUCTION NAVALE ET INDUSTRIELLE DE LA MEDITERRANEE

 

 De 1966 à 1967 : Des luttes extraordinaires des travailleurs d'une ampleur jamais égalée soulèvent La Seyne-sur-Mer et pratiquement tout le département du Var, Finalement le gouvernement doit céder. Des cinq chantiers condamnés, seuls ceux de La Seyne sont sauvés.

           

1967    : Le groupe Herlicq reprend les chantiers, ils s'appellent désormais « C.N.I.M ». Une nouvelle aventure commence. Tous les licenciés sont réintégrés. Les chantiers sont considérablement modernisés : des techniques nouvelles d'avant-garde sont mises en place. Sur le plan social, de nombreuses luttes dont celles de 1968 et beaucoup d'autres permettent une évolution sociale pendant plus d'une dizaine d'années. Tous les travailleurs varois de la métallurgie en bénéficient.

C'est l'époque des grands méthaniers, de la jumboïsation (assemblage de deux moitiés de navire en mer), des navires militaires et des grands paquebots. Mais c'est aussi : les grandes plateformes de forages, des ponts flottants, des usines d'incinération, des escalators des tubes lance-missiles, des nucléaires, etc... Les chantiers sont alors à l'avant-garde de toutes les techniques modernes et des technologies nouvelles. Leurs effectifs atteignent, dans les années 1970, le chiffre record de 6 300 salariés, sans compter les 2 000 sous-traitants presque permanents : en tout ce sont près de 35 000 emplois qui sont induits en France.

1977    : Hélas, l'Europe publie un nouveau   livre  blanc  et  décide d'accélérer    la    fermeture    de presque tous les chantiers européens   :   la   façade   méditerranéenne   doit  être   réservée  au tourisme. En Provence, la Ciotat et la Seyne doivent fermer.

1978    : Conséquence encore : de nouveau licenciements et ce n'est qu'un   début.   De   nombreuses luttes  encore  qui  se justifient pleinement.

1981    : Changement de majorité : La gauche arrive au pouvoir.

 

LES CHANTIERS DU NORD ET DE LA MEDITERRANEE (NORMED)

 

1982    : Le gouvernement décide Le regroupement des 5 chantiers restant en 2 sociétés. Les chantiers de La Seyne s'appellent désormais « NORMED », Leurs activités navales sont regroupées avec celles de La Ciotat et de Dunkerque. Les activités terrestres, toujours 1/3 environ, restent C.N.I.M et continuent Leur aventure industrielle de L'autre côté du port. Hélas, encore, de nouveaux Licenciements accompagnent La baisse des commandes, et bien sûr, La réaction du personnel s'exprime par des luttes de haut niveau. Mais Les chantiers continus avec des perspectives dans L'off-shore et dans L'attente d'une reprise des besoins maritimes qui sont cycliques.

1986 : Nouveau changement de majorité : La droite revient au pouvoir. Le 24 juin, Le gouvernement (c'est Alain Madelin qui est ministre de l'Industrie) décide l'application Immédiate du Livre blanc et pour cela supprime totalement l'aide à La construction navale. Le 26 juin NORMED se déclare en cessation de paiement, Le tribunal judiciaire le place en redressement judiciaire Le temps de terminer Les navires en cours. D'âpres Luttes sociales durant 2 ans jalonnent à La fois La discussion d'un plan social et le refus de La fermeture. IL s'agit d'un drame humain, économique et social sans précédent. Toutes les plaies ne sont pas encore refermées.

1988    : Normed est liquidé le 30 juillet. Les navires se terminent sous gestion C.N.L.

1989    : Le dernier coup de sifflet siffle le 28 février 1989.

 

Une réflexion à méditer :

A La Ciotat, Le Conseil général des Bouches du Rhône, à majorité de gauche, a acquis Le site et s'est battu pour Le conserver en activité avec l'impulsion des 105 travail-Leurs qui l'ont occupé.

A La Seyne, Le Conseil général du Var, à majorité de droite, a aussi acquis le site mais il l'a immédiatement livré aux bulldozers pour rendre impossible toute reprise.