BONNEAU Félix

BONNEAU Félix, Joseph.

Né à Curzon (Vendée), le 28 septembre 1885, fils d'un journalier et d'une femme de ménage, catholiques et illettrés, qui avaient treize enfants, Bonneau, après avoir fréquenté l'école laïque, devint menuisier. Membre d'un compagnonnage, il fit son Tour de France ; ces épisodes le marquèrent et il en parlait, selon le témoignage de sa fille, toujours avec plaisir. Réformé en octobre 1906 (une jambe cassée et mal remise le faisait boiter), il se maria en octobre 1915 à la mairie du XVe arr. de Paris.

Classé dans le service auxiliaire en mars 1916, Bonneau fut affecté à l'usine Astra, puis à l'usine Kellner à Billancourt en juin 1917.

Après la guerre, Bonneau, associé à l'un de ses frères, s'installa comme réparateur de meubles anciens à Paris. Après avoir vendu cette affaire et avoir tenu quelques années un café-restaurant à Marseille, vers 1930, il reprit son métier d'ébéniste spécialisé dans les meubles anciens pour l'atelier Maple à Paris. Il connut l'atmosphère particulière du mouvement ouvrier dans ces milieux de l'industrie du meuble où les influences héritées de l'anarcho-syndicalisme étaient fortes.

À la suite d'ennuis familiaux, Bonneau quitta Paris et fut engagé comme ouvrier ébéniste aux Forges et chantiers de la Méditerranée de la Seyne (Var). Habitant le quartier de Mar-Vivo, communiste, il appartenait au syndicat CGTU des métaux en 1935. Trésorier du syndicat après la réunification, il était élu délégué titulaire de la caisse de secours des ouvriers des chantiers, le 3 novembre 1936, et le mois suivant, était élu délégué à la caisse primaire des assurances sociales.

Bonneau devait être limogé, pour activités politiques, en même temps que Léon Mary (voir ce nom) à la fin de 1937. En chômage, il demanda à être remplacé, en février 1938, dans ses responsabilités syndicales. Embauché comme ouvrier en régie à l'Arsenal maritime de Toulon, il fut rapidement licencié et ne retrouva pas d'emploi.

Bonneau succéda à Couret (voir ce nom) à la tête de l'Union locale des syndicats CGT de La Seyne à la déclaration de la guerre. Il ne dut pas conserver cette responsabilité longtemps puisque tous les communistes ayant approuvé le Pacte germano-soviétique, étaient relevés de leurs postes par décision nationale de la CGT. Surveillé par la police, après avoir signé une déclaration reconnaissant son appartenance au Parti communiste, devenu illégal, il devait rencontrer V. Étienne (voir ce nom) qui avait été interné lors d'une permission de ce dernier. Le 9 octobre 1940, le commissaire de police de La Seyne demandait son internement. Après un collage de papillons communistes, à la suite d'un nouveau rapport, Bonneau était interné au camp de séjour surveillé de Chibron, près de Signes (Var), le 5 novembre 1940. Il fut transféré à la dissolution de ce camp à Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn), le 15 février 1941, puis au début de 1943 à la centrale d'Eysses. Après les insurrections de décembre 1943 et de février 1944, il fut envoyé à la citadelle de Sisteron (Basses-Alpes) d'où il s'échappa le 8 juin 1944. Incorporé dans la 12e compagnie de FTPF (maquis de Bayons), il participa à la prise de la citadelle de Sisteron, quelques jours plus tard.

Démobilisé le 28 août 1944, Bonneau devint vice-président du Comité local de libération de La Seyne, le 14 octobre 1944. Il quitta le Var peu après et regagna Paris où il fut engagé comme menuisier, le 26 décembre 1944 par la Société nationale de Constructions aéronautiques du Sud-Ouest ; entré à l'Arsenal aéronautique le 21 août 1945, il y resta sept années pour terminer sa carrière à la Compagnie française d'études de la construction de matériels spéciaux du 1er janvier 1953 au 15 novembre 1953. Il semble être resté membre de la CGT et du Parti communiste jusqu'à sa mort, le 5 février 1973, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine).

SOURCES : Arch. Dép. Var, 4 M 50 ; 4 M 54 ; 7 M 12.2 ; 3 Z 4.30 ; 3 Z 16.7. - Sources orales. - Renseignements fournis par la fille de l'intéressé, Madame R. Ledoux.

J. Girault
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