DIMO Raymond

 

Source : http://jcautran.free.fr/oeuvres/tome8/chronique_seynoise#2

 

Cet enfant de La Seyne, né le 28 novembre 1934 au quartier dit Pont de Fabre, haute personnalité du syndicalisme des chantiers navals a marqué profondément la vie seynoise de son siècle pour de multiples raisons rappelées succinctement dans les textes qui suivent. Avant de parler du défenseur acharné de la classe ouvrière, il est nécessaire d'évoquer le parcours de son enfance malheureuse, des cruautés du destin qui frappèrent sa famille.

Le 24 décembre 1940, après cinq ans de souffrances, sa mère meurt à l'âge de 35 ans. Ses obsèques ont lieu le lendemain, soit le jour même de Noël. Raymond alors âgé de 6 ans était présent. Il neigeait ; les roues du corbillard glissaient sur le verglas.

À la soeur aînée de Raymond, âgée de 14 ans, va revenir la lourde charge d'assurer les soins du ménage et d'élever son jeune frère. Tout cela dans l'ambiance de la guerre des bombardements, des privations alimentaires.

Pour fuir le danger la famille se réfugie dans un cabanon près des Quatre-Moulins, lequel sera détruit le 29 avril par les bombardiers américains.

Autre spectacle d'épouvante ! Une bombe pulvérise un secteur du cimetière, là, précisément où reposait la mère de Raymond. On ne retrouvera aucune trace de ses restes mortels.

Après ces épreuves hors du commun, la famille Dimo cherche le salut en Haute-Loire, mal accueillie par une population hostile aux italiens émigrés et païens de surcroît. Raymond sera tout de même admis à l'école primaire.

Rentré à La Seyne, 17 mois plus tard, il prendra le chemin de notre vieille école Martini qu'il quittera à l'âge de 15 ans pour entrer à l'école d'apprentissage de la Navale.

Nous voici en 1958 : Raymond s'engage dans les activités syndicales de la C.G.T. sur les conseils avisés de ses aînés Joseph Grimaud et S. Teply. Grâce à son intelligence, à son esprit de décision, sa forte personnalité, ses qualités humaines, il se révèle comme un meneur d'hommes. Il gravit rapidement les échelons de la grande centrale que fut la C.G.T.

Il devint successivement secrétaire du comité d'entreprise en 1960, puis secrétaire général du syndicat des manuels ; en 1964 : puis il accéda au bureau départemental de l'U.D.-C.G.T., puis au niveau national au comité central d'entreprise (branche navale).

Et tout cela en gardant son poste de travail à l'atelier mécanique.

Quand la construction navale fut menacée, il organisa des multitudes de réunions, de meetings, écrivit des centaines de tracts ; anima en accord avec la Municipalité d'alors dirigée par Toussaint Merle, les fameuses marches sur Toulon, Marseille, Paris, pour alerter et mobiliser l'opinion publique.

La société des F.C.M. disparut, les C.N.I.M. naquirent et les chantiers navals furent sauvés. Dans cette période, les succès fulgurants obtenus par la C.G.T. apportèrent à la classe ouvrière seynoise : augmentation des salaires, la limitation du temps de travail, les primes de vacances.

Par le comité d'entreprise dirigé admirablement par Raymond Dimo on assista à des réalisations spectaculaires : dans le domaine des sports, de la culture, de l'apprentissage de la formation professionnelle, dans le domaine des oeuvres sociales et des loisirs : colonies de vacances, bibliothèque, sorties excursions vers la neige..., sans parler du fameux restaurant libre-service.

Les acquis sociaux : augmentation des salaires, indexation de l'échelle mobile, grille des salaires hiérarchisée furent obtenus sous la direction de M. Berre, personnalité bien regrettée de tous les travailleurs lors de sa mort accidentelle.

Débordant d'activités en tout genre, car il fut sportif, peintre, poète, écrivain. Dimo entra au Conseil municipal de La Seyne dirigé par Philippe Giovannini, en 1971 pour devenir quelques années après adjoint à la culture. Dans ce domaine comme partout il se montra dévoué, désireux d'être utile et efficace pour le plus grand bien de la population.

Il souffrit beaucoup durant les dernières années où commença le déclin de la navale par les licenciements progressifs. Il lutta jusqu'à l'extrême limite de ses forces, défendit avec âpreté le sort des victimes au sein de l'A.M.I.A.N.S. (Association de Maintien des Intérêts des Anciens de la Navale Seynoise).

Raymond Dimo est mort en septembre 1996. Il était âgé de 62 ans. Dans la préface de l'ouvrage, Monique Dimo a expliqué les causes de sa disparition prématurée et fustigé les responsables d'un mal dont les victimes continuent de tomber de nos jours, quinze ans après le séisme de la Navale.

Quand Raymond disparut ce fut la consternation générale dans la population, les milliers de travailleurs des chantiers dont il avait défendu les justes causes.

Conformément à ses dernières volontés, il avait voulu disparaître discrètement dans l'intimité familiale.

Peu après, les ouvriers techniciens et cadres des chantiers, les militants syndicalistes, les mutualistes, les élus municipaux de la gauche plurielle, les responsables de la C.G.T. de tous les niveaux se rassemblèrent devant sa tombe et notre cimetière central où il avait accompagné durant les 40 années de ses combats, tant de camarades accidentés du travail ; tous dans un élan de reconnaissance unanime lui rendirent un hommage ô ! combien mérité.

Répétons-le ! Raymond Dimo fut un homme extraordinaire qui a laissé des traces indélébiles dans l'histoire du mouvement syndical de notre communauté seynoise. C'est bien pourquoi son nom auquel il importe d'associer sa vaillante épouse, ses enfants et petits enfants, méritait d'être vénéré et perpétué dans ces récits biographiques d'une chronique spéciale du XXe siècle.

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